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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/239

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CLASSES)

mains où on a eu l’inlcntion de les i)lacer.

La manière dont on entend lu question de parla^’o des fennes paysannes caractérise pcut-iHre mieux la tendance générale. Les mrillours auteurs désirent (ju’on tâche de les tenir indivises, même là où ce n’est jias la coutume, [tardes lois conçues dans ce sens, dans le cas où il n’y a pas de testament  : Hos- chcr, Si’hnioller, Conrad, von Thiel, von Mias- kowUy, von H’IlVrich et lUiclirnburger, dans l’Allemagne du Sud  ; le comte Clilorinsky, von l’eelZjle comte von Inama Sterneg^’, Marchet, l’eyrer, en Autriche  ; dont plusieurs du reste sont de vrais libéraux. Quelques petits Etats au Centre, surtout à l’imitation d’une loi de Schaumljurg-Lippe,etle Mt’cklemljourg(pour ses possessions héréditaires) ont publié des lois visant à empêcher le partage. Pour beaucoup de territoires allemands, on a ins- titué un arrangement facultatif en établissant les HôfcroUcn, enregistrement, pour ceux qui le désirent, d’après lequel les fermes vont, quand il n’y a pas de testament, sous des conditions particulières, àun seul héritier. Cette organisation n’est cependant utilisée que là où régnait déjà la coutume de ne pas diviser les fermes  : dans certains districts rhénans, dans la Westphalie et dans cer- taines parties du Hanovre et d’Oldenburg, voisines de cette dernière contrée, où des grands chefs politiques tels que les catho- liques NVindhorst et Schorlemer-Alst et le grand national-libéral, M. von Bennigsen, ont tenu la main à l’application des lois. Meaucoup d’économistes allemands, des Prus- siens comme Schmoller, Sering, von Thiel, lies conservateurs autrichiens et même des économistes de valeur comme Schàftle et Uuhland, veulent aller encore plus loin et empêcher d’hypothéquer les fermes et de les partager ad libitum. On peut aussi, sous ce rapport, signaler les préjugés contre la spé- lulation qui a pour but de morceler les terres, iiiiterschlachterei, et il faut rappeler égale- ment les jugements que les auteurs portent >ur les grandes propriétés.

D’un côté, on veut favoriser les uns aux dépens des autres par toute la politique pro- tectionniste  ; d’autre part, les mêmes auteurs ne reconnaissent pas suflisamment les ser- vices qui ont été rendus par les grandes fermes. Ce sont ces grandes fermes (créées partout dans les provinces anciennement slaves, mais notamment dans l’ancienne Pomêranie suédoise, en Mecklembourg, et dans le Holstein occidental) qui ont appris l’agriculture aux paysans, et qui l’ont apprise également à d’autres pays, par exemple, aux pays Scandinaves. Ils plaignent les paysans et les laboureurs de ce qu’ils quittent les

SUPPLÉMENT.


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terres  ; et pourtant ils s’en vont, parce qu’ils deviennent plus heureux, par exenii)le, aux Klats-lnis.

La plu[)art des auteurs portent sur tout le dévelo[)pement historique un jugement faussé par ces préjugés. (Citons par exemple M. Paas- che et les deux auteurs, du reste.de mérite, de l’Université de Strasbourg, MM. Knapp et Knrhs. Les causes de cet état des esprits en Allemagne et en Autriche sont multiples  ; il y en a aussi, en dehors de l’histoiie, du gou- vernement et de l’administration, dans les idées philosophiques et il est lié à la manière dont on a traité l’histoire.

Ce qu’on voit en Allemagne, d’idées pré- conçues et romanesques sous ce rapport, n’est cependant rien en comparaison de ce que l’on a vu en Russie lors de la discussion sur le mir ou la commune paysanne commu- niste. On en a vu des conséquences on nr peut plus malheureuses lors de l’exécution des réformes organisées en Russie et encore davantage en Pologne. Les erreurs historiques ont été au nombre des armes dont se sont le plus servis les auteurs et les hommes d’État russes, barbares, réactionnaires et ennemis de la liberté. Nous en parlons en traitant de la question du village (V. Colonisation a.ncienne).

Le plus souvent, les théories savantes qui étaient encore en vogue, il y a une trentaine d’années, ont servi la liberté et le progrès. Il sera cependant très utile d’en savoir ce qui est vrai, et de refréner l’exagération réaliste et pessimiste de la réaction moderne.

3. L’ancienne liberté chez les races teutoniques.

L’ancienne liberté des paysans chez les races teutoniques est une vérité absolue, et les exemples de dépendance que relèvent des auteurs comme Seebohm et Fustel de Cou- langes, surtout d’après le Polyptique d’Irmi- non, abbé de Saint-Gcrmain-des-Prés \812j, publié par l’érudit M. Guérard en 1844, ne peuvent être qu’une restriction à une trop grande généralisation d’autrefois. Les théo- ries qu’ils veulent ériger sont plus fautives que celles qu’ils veulent détruire (Voy. par exemple, pour la manière erronée dont Fustel de Coulanges envisage la colonisation teutonique en France, son article dans la Revue des Deux Mondes du lo mai 1872).

Il y en a de nombreuses preuves. Prenons- en une, la situation bien connue des Nor- mands. C’est la dernière migration teuto- nique. Ce sont les derniers païens, et, avec le paganisme, ils ont conservé l’ancien état social  ; c’est, en partie, celui-ci qui leur donne leur grande force, comme autrefois aux Franks et aux -\nglo-Saxons vis-à-vis

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