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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/241

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CLASSES) — ’2-2 ’

(lu tiinins deshôlos, gasti. I.i’iiiot sri’vittMir(li> \i(iil bientôt aussi le motcmiiloyû pour indi- quer lo noble, (jrsilh, nKuie ou theijn, vassus. Dans la Scaudinavif, lo mot désij^uant le ^land propriétaire, Hcrremand, heircinaii, si- guilie àToiigino, iioinmedc l’arnu’O, du lurr, (le UKJnie ijuc le motallcMiand pour Monsieur, Ilerr. Tacite parle des trois classes chez le-s Teutons. Nous les trouvons partout.

.Mi’’nic chez les Scandinaves, nous avons nno description graphi(iuc des trois classes dans un des anciens poèmes des Edda^ islan- dais, de la période païenne, racontant, de la manière la plus pittoresque, comment le dieu lleimdal, voyageant sous le nom de liin, riche, visite le Jurl ou noble, où il a un lils licrsc, chef de la centaine, le Bonde libre et indépendant, avec le lils Knvl, et, enlin, le Tidl ou serf. Les meilleurs historiens Scandi- naves, déjà avant le milieu de ce siècle, reconnaissent aussi cet élément aristocra- tique et qu’il y avait, déjà dans ranti(iuilé Julienne, qucbiue chose de plus que les Ikmdcr, les paysans libres et égaux. C’est initamment l’opinion de P. A. Molbech et II. M. Petersen, en Danemark, de (lejcr, en Suède. Parmi les Teutons de l’Allemagne, nous trouvons, même chez les Saxons, pour lesquels rien ne nous est dit d’une conquête avant Charlemagne, les edi/t/iyes, frilinijcs et lassi (d’après Nithard, petit- lils de Char- lemagne), comme chez les Franks les nob’des, iivicnuiles et serviles, comme aussi dans les lois des Angles et des Varnes, les adalingcs, et comme souvent les lili, létes en tranchais, hrts dans le Kent anglais, Lente avec une autre signification dans l’allemand mo- derne. On trouve ces classes dans presque toutes les lois teutoniques, quoique la plu- part des auteurs ne pensent pas que les autres nations aient eu une classe constituée de nobles comme celle des Saxons et des Frisons. La classe de lètcs ou d’hommes à demi libres n’a pas existé chez les Scan- dinaves et les Goths.

Il y a nécessairement une grande diiïérence entre les pays romains conquis par les Teutons, où se trouvent, comme dans la (iaule duNord et rAllemagne du Sud, dcslalifundia avec un grand nombre de serfs et de colons, et d’autres pays qui ont toujours été ha- bités par des peuples teutoniques. M. Ilearii, le savant et original professeur d’économie politique de l’Université de Melbourne, croit même devoir rappeler, dans son livre sur VAnjan Ilousriiold (1881) que, dans tous les pays, qui sont devenus celtiques, il y avait eu une race antérieure aux Celles, et que ce sont, sans doute, des descendants de cette race, plus petite et plus brune, qui ont formé,


• — UIKALES (CLASSES)

de bonne heure, des groupes ou des villages dépendants en Angleterre, en Espagne, en France, dans les i’ays-Has. Nous avons rap- l)(li’ que trois classes existaient, dont l’une dépendante, même chez les Saxons non conijuis. Les Danois, établis d’abord princi- ])alement dans leurs iles, avec leur siège le plus important en Séeland, sont nommés l)our la première fois dans le vi" siècle, par les auteurs goths Procope et Jordanès, à propos des Hérules  ; Jordanès les appelle proccrcs unis par la race avec les Suédois, et pruceres veut dire ici, sans doute, nobles et non pas de haute taille. Dans les incompa- rables récits islandais, nous voyons arriver les colons, dont une grande partie, proba- blement près d’un tiers, avait déjà été établis sur les iles écossaises ou en Irlande, avec leurs serfs et des hommes libérés qu’ils éta- blissent avec eux. Citons la veuve du roi Olaf le Blanc, de Dublin, Aud la puissamment riche, qui a, par exemple, comme déiiendant, Fip, lils d’un roi gaèlic, accusé, dans les Triades gaéliques, d’attirer, en Islande, des gens du pays tles Galles  ; citons un autre chef venant directement de la Norvège, Geirmund lleijarskin, établissant plusieurs fermes, et entouré de quatre-vingts hommes libérés. Nous trouvons, déjà dans la seconde ou la troisième génération, quelques hommes riches possédant un grand nombre de fermes en partie affermées. De même, dans les anciens pays, en Danemark par exemple, nous trou- vons de bonne heure des baillis, le Hrydc [brijde, défricher), devenu souvent aussi un métayer, ou le Landbo, qui est toujours un tenancier avec contrat annuel, le même ([ue les Landsassen ou Hintersassen en Allemagne. Les dates positives du Nord Scandinave ainsi que des tribus teutoniques en Allemagne prouvent que les théories de Fustel deCoulan- ges et de F. Seebohni qui signalent une dépen- dance personnelle générale sont absolument fausses. Les Scandinaves avaient des thràl, esclaves, qui étaient quelque chose comme ceux des Romains et qui se trouvaient dans un état qu’on ne retrouve pas chez les autres peuples teutoniques lorsque ceux-ci font leur apparition dans l’histoire. Mais les Scandi- naves eux-mêmes étaient des hommes par- faitement libres. Et ce cas est le même pour tous les autres peuples teutoniques qui n’ont pas été sultjugués. Je ferai pourtant cette concession à M. Seebohm qu’il y a une cer- taine relation entre l’institution du village et un amoindrissement d’indépendance person- nelle. Que cela soit ilù au village, ou aux conditions nalnrclles elles mêmes qui rendent possibles les villages, c’est-à-dire des plaines et une certaine fertilité et facilité de culture,


RURALES (