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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/71

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cours, publiés en ISliT, conformément aux statuts, parurent sous le titre de Caractère et M’thode loiji’/ite de C Économie poliivjue [Chn- rmtir and Loijiial Melhod of Politknl Eco- nomy)  ; la même année il se fit inscrire au barreau, mais sans exercer la profession d’avocat. I.es découvertes contemporaines de mines d’or lui inspirèrent dans Frnzer’^ Ma- ijazine, une série d’articles, dans lesquels il prédit avec beaucoup de clairvoyance, les conséquences probables de cet afllux soudain du métal jaune  ; Jevons vérifia par la suite ses prédictions et reconnut qu’elles s’étaient réali>(’’es. On doit aussi à Cairnes un article sur l’ouvrage la Baisse probable de Vor, de -Michel Chevalier, article qui fut inséré dans la livraison de juillet 1800 de la Revue d’Edimboiirij. En 1860, un accident de chasse à courre le rendit à tout jamais infirme  ; cet accident fut même la cause principale de sa fin prématurée. Son terme de professorat à Dublin expira en 18tJl en vertu des clauses de la fondation Whately, mais il avait été dès 18by pourvu de la chaire d’Économie politique et de jurisprudence â Queen’s Collège à Gahvay. En 18(32, parut son livre sur La puissance politique basée sur l’escla- vage [The Slave Poicer], réquisitoire contre l’institution de l’esclavage qui fit sensation et détermina, en trrande partie, la direction de l’opinion publique en Angleterre au sujet de la guerre civile aux États-Unis d’Amérique. Ine seconde édition fut publiée dès 1803. Appelé en 1860 à la chaire d’Économie po- litique â University Collège (Londres), sa mauvaise santé, qui l’avait déjà forcé à pas- ser une partie des années 1868-69 en Italie, le contraignit de se retirer en 1872 afin de mé- nager ses forces en vue de la publication de ses Political Essays 1873 , collection d’articles sur l’enseignement secondaire et universitaire en Irlande, l’Église en Irlande, etc. Ses Essais d’Économie politique théorique et appli- quée virent le jour la même année, et traitent particulièrement de la découverte des mines d’or et de la critique de Comte et de Bastiat. Son œuvre capitale est toutefois VExpost nouveau de quelques-uns des principes fonda- mentaux de l’Économie politique [Some leadinij Principles of Political Economy neuly expoun- de’fi, 1874. Peu de temps avant sa mort, il écrivit encore, pour la Fortni’jhtly Revieir (livraisons de janvier et de février 187.o), une critique des doctrines de M. Herbert Spencer sur l’Évolution sociale J/. Herbert Spencer on So’ial Evolution) et publia une seconde édition augmentée du Caractère et de la Méthode logique de l’Économie politique ’^avril 1875. Ami, voisin et disciple de Stuart Mill.


■ — CAIitNES

Cairnes vécut dans l’intimité d’hommes tels que Fawcett, Courlney et Leslie Stephen  ; à sa mort, il passait pour le chef de l’école économique anglaise contemporaine. L’é- preuve du temps n’a pas ratifié cette appré- ciation trop favorable et son œuvre parait aujourd’hui moins solide et moins durable que celle de Jevons. Son ouvrage sur le Ca- ractère et la méthode logique t/» ; l’Economie politique met en lumière sa faculté maîtresse, le raisonnement lucide et serré, mais un peu étroit ; il s’y livre à une analyse très remar- quable des ambiguïtés que recèle l’expression " Lois économiques •>. De même son essai sur la théorie de la valeur d’échange de Bastiat, fait voir ce qu’il y a de confus, sous une appa- rence spécieuse, dans la conception de l’équi- valence des services que Bastiat lui assigne pour fondement. Cairnes démontre nettement que cette solution du problème est pure- ment dans les mots, qu’elle revient à dire que les hommes échangent, parce qu’ils ont le désir d’échanger et qu’elle ne fait pas voir pourquoi ils sont prêts à donner telle quan- tité et rien de plus de marchandises ou de services en échange de telle autre quantité et rien de moins. Sa perspicacité à découvrir et son aptitude à faire toucher du doigt les doubles sens, les erreurs et les lieux com- muns cachés sous un texte le font exceller dans ce genre de critique. D’après ses propres expressions, son Exposé des principes fonda- mentaux de l’Économie politique constitue <’ une tentative pour donner une forme nou- velle à une partie considérable de l’Economie politique », sans répudier les résultats obte- nus par l’école classique d’Adam Smith, de Malthus, de Ricardo et de Mill. Il accepte ■i leurs hypothèses concernant le caractère humain et les conditions physiques de la na- ture extérieure», ainsi que leur méthode " de déduction et de vérification par l’étude des faits», mais il rejette <■ leurs uxiomata média ou principes intermédiaires, au moyen des- quels les résultats particuliers reconnus sont rattachés aux causes supérieures, qui les ont produits )’ et il s’efforce de « remplacer cet élément de fragilité par des matériaux plus capables de résister aux attaques de la cri- tique moderne ». Toute son argumentation est aussi ferme que vigoureuse. Mill avait compris les salaires dans le coût de pro- duction ; il lui objecte que les salaires étant une rémunération, ne doivent pas être con- sidérés comme un coût ou une dépense et que le travail et les salaires ne se confondent qu’au point de v"ue du " capitaliste », pour qui le travail représente une dépense effec- tuée sous forme de payement de salaires. Nous dirions aujourd’hui qu’il faut distinguer


CAIRNES —