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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/77

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sèment iiuiuiué  : « If prix ou la val’.’ur intrinsèque d’une chose est la mesure de la quantité de terre et de travail, qui entre dans sa production, eu égard à la bonté ou produit de la terre et à la qualité du travail » (p. M). Plus loin la même pensée se pré- sente sous une forme plus simple  : c Les choses ont une valeur à proportion de la terre et du travail, qui entrent dans leur production (p. 14".») » ; cette dernière défini- tion annonce celle qu’Adam Smith donnera du prix naturel ou prix de revient. De même nous trouvons dans Cantillon la loi de l’oiîre et de la demande  : « La valeur des métaux au marché, de même que de toutes les mar- chandises ou denrées, est tantôt au-dessus, tantôt au-dessous de la valeur intrinsèque, et varie à proportion de leur abondance ou de leur rareté, suivant la consommation qui s’en fait » (p. 128).

Ces anticipations ne sont pas rares chez Cantillon. En voici deux qui présagent Mal- thus  : « Les habitants de la Chine se propor- tionnent nécessairement aux moyens qu’ils ont de subsister » (p. 00), et « les hommes se multiplient comme des souris dans une grange s’ils ont le moyen de subsister sans limitation » (p. 110). Il faut toutefois faire remarquer qu’il aune opinion à lui et abso- lument excessive du pouvoir qu’exercent les propriétaires fonciers sur Taccroissement de la population par leurs volontés, leur goût et leur façon de vivre (p. 107). Par con- tre, il a une vue très nette des services que peut rendre la statistique  : « Il n’est point de connaissance où l’on soit si sujet à s’abu- ser que dans celle des calculs, lorsqu’on les laisse à la conduite de l’imagination ; au lieu qu’il n’y a point de connaissance plus démonstrative lorsqu’on les conduit par un détail de faits » (p. ITiij. Cantillon est donc bien un précurseur des grands maîtres delà science économique, qui s’élèveront si haut à la fin du siècle, mais lui-même a eu ses précurseurs. Un peu avant sa naissance, en 1671, un homme d’Etat espagnol, Centani, écrivait déjà dans un mémoire présenté à Charles II d’Espagne que « la terre est la véritable et réelle richesse » {la tierra es la rcnladera y fisica hacienda) ; de même sa dé- finition du prix des marchés est empruntée à Locke, ainsi qu’il en convient lui-même.

D’après lui, « le fermier doit faire trois rentes  : [° la rente principale et véritable qu’il paye au propriétaire et qu’on suppose égale en valeur au produit du tiers de la ferme ; une seconde rente pour son entretien et celui des hommes et des chevaux dont il se sert pour cultiver sa ferme  : et enfin une troisième rente qui doit lui demeurer pour


faire profiler son entreprise» p. l.’jO). « Il faut donc considérer les trois rentes du fermier comme les principales sources ou pour ainsi dire le premier mobile de la circula- tion des États » (p. 162). Ce passage contient évidemment en germe la théorie du produit net des physiocrates, mais Cantillon ne va pas jusqu’à proposer l’impôt unique. Comme leur chef, il aune prédilection marquée pour la grand’,’ culture (" plus la ferme sera grande et plus le fermier sera à son aise ») (p. 101) ; Quesnay d’ailleurs le citera dans son article sur les Grai.ns, qui a paru dans VEnojrlopédie.

Pour ce qui est du commerce international, Cantillon a encore en lui un vieux levain mercantiliste. «C’est en examinant les efiets de chaque branche de commerce en parti- culier qu’on peut régler utilement le com- merce avec les étrangers  : on ne saurait le connaître distinctement par des raisonne- ments généraux. On trouvera toujours par l’examen des particularités que l’exportation de toute manufacture est avantageuse à l’État, parce qu’en ce cas l’étranger paye et entretient toujours des ouvriers utiles à l’État ; que les meilleurs retours en paye- ments qu’on retire sont les espèces et au dé- faut des espèces, le produit des terres de l’étranger, oîi il entre le moins de travail » (p. -309). Les plus clairvoyants tiennent tou- jours par quelque côté à leur époque.

E. Castelot.

Bibliographie.

Outre les publicatioas citées au cours de cette notice, voir Texcellente analyse de Cantillon donnée par M. Espinas, dans son Histoire des doctrines économiques, p. 179-1’J7.


CÉRÉALES.


SOMMAIRE


Conditions de la production des céréales. Prix de revient, prix de vente. — Nouveau relève- ment du tarif protecteur en France en 1894. — La baisse continue des prix.

L’agricullurc française, et celle de tous les pays riches de la vieille Europe, attachent en général une importance exagérée à la production des céréales. La véritable voie de l’agriculture moderne dans nos pays occi- dentaux est dans la spécialisation des pro- ductions, l’extension de l’élevage du bétail, et de la culture industrialisée. L’avoine et l’orge étant mises à part â cause du rôle par- ticulier qu’elles jouent la première dans l’économie de la ferme, la seconde dans la brasserie, le mais, pour ainsi dire monopolisé par les États-Unis, et le blé, la céréale noble voient leur importance économique gran- dement atteinte en Europe par la concurrence universelle. La situation nouvelle faite au