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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/89

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intention. Le Pérou a décidé de rester au nombre des pays gardant encore l’étalon d’argent.

Toute la masse d’argent employée par les pays à étalon d’argent (avec une population de 500 millions d’habitants) n’est que de 3 milliards de francs, soit moins d’un tiers de la masse d’argent employée comme monnaie subsidiaire par les pays à étalon d’or, masse estimée à plus de 10 milliards. Même après la feimeture de leurs hôtels des monnaies à l’argent du public, les pays à étalon d’or ont continué à frapper une grande quantité de monnaie blanche, soit une moyenne annuelle d’un quart de milliard de francs de 1873 à 1803.

3. Pays à billets inconvertibles, et à argent de valeur arbitraire.

Beaucoup de pays ont cependant une cir- culation qui n’est basée ni sur l’or ni sur l’argent, mais quiconsiste en billets inconver- tibles et variant indépendamment de la valeur des métaux précieux. Il est vrai qu’à présent, l’argent varie, en relation avec l’or, qui est l’étalon universel, autant ou encore plus que le papier de la plupart de ces Etats ; mais les écarts sont toujours limités par la valeur encore considérable de l’ar- gent, et l’on trouve aussi les exemples de la plus grande dépréciation parmi les États à iiapier inconvertible. Inconvertibilité ou dépréciation ne sont pas toujours deux choses identiques. On se rappelle les billets de la Banque de France depuis la guerre de 1870-71 à 1878. L’Autriche-Hongrie ferma, en 1879, son hôtel des monnaies à la frappe libre de l’argent, et, malgré une frappe con- sidérable d’argent pour les gouvernements, les billets gardaient une valeur supérieure de 30 p. 100 à celle de l’argent et les variations du change ne dépassèrent jamais 9 p. 100. Le Brésil a eu, depuis 1864, du papier inconver- tible, et, entre 1865 et 1888, on avait même dou- blé la masse en circulation ; excepté à l’époque de la guerre avec le Paraguay, en 1868, ils ont cependant gardé leur valeur jusqu’à la chute de la monarchie. De 1889 à 1802, on en émet- tait plus de trois quarts de milliard, ce qui eut pour conséquence une baisse du milreis de 27 à 10 et plus tard même à 8 pence. Pour le papier inconvertible, ce ne sont pas seule- ment des causes communes au monde entier qui influent sur la valeur  : elle varie aussi d’après toutes les causes particulières in- tluant sur la circulation et le crédit des diffé- rents pays. En Europe, les péninsules méridionales n’ont pas pu conserver l’étalon d’or, ni la Grèce, ni l’Italie, ni l’Espagne, ni le Portugal. La Serbie a fini par succomber aussi sous l’agio sur l’or, et la Bulgarie se trouve sur l’extrême limite, entre l’étalon d’or et l’inconvertibilité des billets. Dans l’Amérique du Sud, le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et la Colombie présentent un spectacle lamentable. Les billets de Cuba sont, pour le moment, plus dépréciés encore que ceux de l’Espagne.

Tous ces pays ont une population totale de plus de 80 millions d’habitants ; mais toute leur circulation, y compris les réserves d’or qui restent, pour ces pays, dans les caisses comme un trésor mort et inutile, n’atteint pas 5 milliards et demi de francs, et tout leur papier ne représente que .’i milliards, contre plus de 16 milliards de papier qui existent rien que dans les pays à étalon d’or.

La monnaie d’argent qui circule d’après une valeur fictive créée par la limitation de la frappe ou de l’importation, joue le même rôle que les billets inconvertibles, de la même manière que les monnaies d’argent qui circulent comme représentatifs de l’or exercent la même fonction que les billets convertibles.

Une situation tout à fait particulière est celle qu’occupent les Indes anglaises, qui ont décidé, en juin 1893, d’élever, en limitant la frappe, la roupie d’argent à une certaine valeur d’or, 1 roupie =16 pence. Elle ne peut s’élever plus haut ; car alors, on la change pour de l’or  : 15 roupies = : i sovereign. Mais en faisant choix d’un cours un peu plus élevé que celui du jour, on n’a pas pris les mesures nécessaires parla diminution de la circulation, pour élever immédiatement la roupie, et, trois ans après le décret rendu, le pair cherché n’a pas encore été atteint. La roupie britannique circule aussi dans les petites possessions portugaises et françaises de l’Inde et en Afghanistan.

Les États feudataires (avec 34 hôtels des monnaies, dont 10, à l’heure de nos dernières informations, étaient encore ouverts à la frappe libre, et une circulation de 32 crores contre 128 dans les autres parties du pays), ne sont pas considérés comme un obstacle pour élever la valeur de la roupie, mais leurs droits ont pourtant été probablement un des motifs de l’imposition d’un droit d’importation de 5 p. 100 sur l’argent. On avait craint de voir davantage rapporter sur le marché une grande partie des roupies que le peuple met de côté, sous forme d’ornements ou d’une autre manière, comme un trésor d’épargne lenviron 30 crores, à côté d’une bien plus grande quantité d’argent non monnayé)  ; il n’en est encore revenu que 3 crores. La plus grande difficulté parait avoir été l’incertitude de savoir si l’on achèverait la réforme projetée ; le cours a baissé aussitôt qu’il a été question de l’abandonner. Bien que l'on