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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/91

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rence de itroducliuis cl J’exiiorlalcurs (’traiigors qui tirent profit de la révolution iiioiuHaire. Ces raisonnements sont, tous les deux, faux. Le librc-échani,’c est, au con- traire, le meilleur moyen d’élever la valeur de la monnaie et d’attirer l’or, parce qu’il augmente la production et la véritable richesse du pays. Kt si les commerçants des autres pays font temporairement plus d’achats avec ceux des pays à monnaie dépréciée, c’est qu’il leur devient avantageux d’acheter ot de profiter, eux aussi, du mouvement des prix.

L’insécurité de la valeur monétaire ou le manque d’un étalon stable diminue le crédit et augmente l’intérêt qu’il faut payer. Mal- i.’ré la réforme partielle de la monnaie des Indes, les emprunts des Indes en roupies coûtent plus cher qu’en livres sterling. Aux États-Unis, la seule possibilité d’une altéra- tion de l’étalon a fait perdre 16 millions de dollars sur un emprunt de 6j millions, com- paré aux conditions quon aurait eu si le Congrès avait voté un emprunt expressément en or. La Russie a pu se contenter de payer environ 3 p. 100 de ses emprunts extérieurs en or, en même temps qu’elle payait 4 p. 100 pour ses emprunts intérieurs en roubles de papier.

L’agio est toujours dû à des fautes impar- donnables. Il est presque impossible de rien concevoir, même les emprunts au taux le plus élevé, les impôts, etc., qui ne soit préférable à la ruine de la monnaie. De même, la raison pour laquelle on hésite à réintroduire une monnaie convertible, c’est qu’on ne voit pas, d’un côté, l’injustice et la mauvaise politique économique qu’il y a à relever de nouveau la monnaie dépréciée considérablement, de l’autre côté, le peu d’importance d’une circulation réelle de métal, comparée à l’introduction et à la con- servation de l’étalon. C’est le bon état de ce dernier, ou, en d’autres termes, le pair avec la monnaie intei-nationale, qu’il faut obtenir de toute nécessité.

5. Le rôle du crédit.

Pour comprendre entièrement le méca- nisme monétaire, il faut encore considérer le rôle du crédit. Toute monnaie est, de sa nature, une sorte de crédit  ; c’est une créance universellement donnée sur la société, une obligation, de la part de celle-ci, de fournir en échange des services d’une certaine valeur. Mais la grande masse des moyens de circula- tion consiste aussi réellement en formes de crédit  ; ce n’est que dans les pays peu dévelop- pés qu’ils consistent principalement en mon- naie, portant sa garantie avec soi, dans son


poids de nn-tal  ; dans les pays plus civilisés, ces monnaies de métal ne forment qu’une [lartio minime, un jtourcentage très peu élevé de toute la circulation. Il est difficile d’éta- blir des calculs exacts  ; mais nous donnons comme exemple quelques chiffres provenant des dernières enquêtes et surtout des grandes banques.

Aux Etats-Unis, on a, à plusieurs reprises, demandé des renseignements aux nom- breuses banques « nationales » ou d’émis- sion. Nous donnons les chifTres de la der- nière enquête entreprise avec beaucoup de soin par le Comptrolier ofthe Currency.

En septembre 1802, qui ne diffère guère de tous les autres mois  : 90,61 p. 100 des paie- ments faits en chèques, 8,10 en billets  ; 0,41 en billon ou en dollars d’argent  ; 0,88 en or. Les seules transactions faites par l’échange de chèques dans les clearing-hoiises étaient, en 1891, plus de o7 milliards de dollar. Pour le commerce de détail, une enquête entre- prise par le Comptrolier of the Currency et le D"’ Kinley, en 1894, montre, d’après les dépôts d’un grand nombre de détaillants dans les banques nationales, en mai 1894, que o8.9 p. 100 des payements à ces détaillants se font en chèques de diverses sortes  ; de ce qui reste, plus que la moitié était en billets. L’emploi de chèques ou ordres de paiements n’est du reste pas le plus déve- loppé dans les États-Unis les plus riches et ne -’augmente pas régulièrement avec le déve- loppement général. Pour tous les paiements aux États-Unis, M. Wesley G. Mitchell estime, dans le Chicago Journal of Polifical Economy de mars 1896, qu’en 1860, 63 p. 100 se fai- saient par le moyen de monnaie de diverses formes  ; en 1891, lorsque le total des paie- ments avait quintuplé, seulement 33 p. 100  ; et 67 p. 100 par le crédit sous d’autres formes (V. pour le calcul correct du mouve- ment par les clearing homes, M. Parker Willis, dans le Journal of Polit. Econ., Chicago, juin 1896, contre M. Willard Fischer).

En Angleterre, sir John Lubbock arriva, par une enquête en 1861 sur les paiements faits par ses clients, à la proportion sui- vante  : 96,80 p. 100 payés en chèques ou mandats  ; 2,80 p. iOO en billets de banque  ; et seulement 0,60 en monnaie métallique. Des enquêtes de I8ti0 donnent des résultats similaii’es, ainsi d’après M. Pownable dans le Bankers Magazine de novembre 1880  : aux banques de Londres, en dehors de la Banque d’Angleterre, qui ne donne pas des renseignements  : 0,73 p. 100 en monnaie métallique  ; 2,4 en billets  ; et 97,23 en chèques. A Edimbourg, oîi l’on a les petits billets de banque écossais : 0,55  ; 12,67  ; 86,78.