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Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/108

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naissant d’autre liqueur que l’eau pure des sources et des étangs, qu’ils boivent pour le seul plaisir d’étancher leur soif. Lorsqu’ils ont été arrachés à leur pays, à leurs familles, réduits à la condition des brutes et forcés de travailler pour un maître qui leur était inconnu ; lorsqu’on leur a rendu nécessaires le vol et tous les autres crimes européens, dont la liste est si longue ! lorsqu’ils ont connu le plaisir de boire des liqueurs fortes, qui, quoique très-court, les entraîne, parce qu’il est le seul remède à leurs maux et qu’il les empêche de réfléchir à l’horreur de leur esclavage ; lorsqu’enfin on les a rendus des monstres, on les peint comme tels oubliant qu’ils sont, non comme la nature les a créés, mais comme nos vices leur ont appris à être. »

N’est-ce pas étrange, en effet ? Vous vous étonnez que l’esclave devenu libre soit faux, paresseux, méchant vous vous faites un argument de ses vices, vous y prenez les motifs de votre sympathie pour la servitude ; puis vous trouvez tout simple qu’un forçat sortant des bagnes soit pervers, voleur, haineux ; et c’est précisément dans son immoralité que vous puisez les démonstrations de