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Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/125

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un plus ample informer. » Ainsi le chancelier d’Aguesseau, il y a un siècle à peine, ne mettait pour parvenir à la vérité aucune différence entre l’alternative de tourments affreux ou d’une seconde instruction, entre un plus ample informer ou la question, cet atroce procédé judiciaire dont nos collégiens savent reconnaître l’inutilité. — À quoi peuvent mener ces arguties ? Notre siècle n’a pas d’hommes supérieurs à Socrate ni à Diogène, nous le savons, l’esprit humain ne s’agrandit pas, mais il s’éclaire, il se purifie, il progresse avec l’expérience vers la vraie sagesse, la bonté, l’amour du prochain et c’est un sophisme de bourreau que de prétendre valider aujourd’hui un état de choses exécrable par l’assentiment que lui donnèrent autrefois des génies éminents. Oui, l’esclavage est un fait primordial, cela est vrai ; il est né des usurpations de la force individuelle ; les premiers esclaves furent les premiers enfants : oui, il a été un état normal du monde entier, mais de tout temps, cela est vrai aussi, on a fait valoir l’égalité originelle des hommes, quoi qu’alors l’individu n’eût pas toute sa valeur, quoique l’homme n’eut pas, comme de nos