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Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/134

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Les avocats des propriétaires inventent des histoires de Nègres émigrés chez les Anglais, qui, après avoir usé de la liberté, reviennent volontairement prendre leurs fers. « Les esclaves chantent ; donc ils sont heureux, et c’est avoir la monomanie de ! a bienfaisance que de s’occuper de leur sort[1]. » Mais les galériens chantent aussi, est-ce qu’ils sont heureux ? Eh bien l’esclave est un galérien dont tout le crime est d’avoir la peau noire ! Il est rayé de la vie morale, jeté hors du droit civil, il ne peut ni donner, ni recevoir, ni acquérir, ni tester, ni témoigner ; il n’a aucun droit, il n’a point de patrie, point de famille ; il ne possède quoique ce soit au monde, pas même ses enfants ; il n’est pas : c’est une chose, un meuble, un effet mobilier ; plus malheureux que le forçat, il tra-

    ils vous diront qu’il n’est pas de caravane allant de Tripoli au pays des Nègres dans laquelle ne se trouvent plusieurs esclaves affranchis qui regagnent leur terre natale. Les trois voyageurs anglais, en allant a Kouka, en avaient trente avec eux qui les quittèrent à Lary, « pour retourner au Kanem, leur pays, où ils désiraient mourir. » Chap. Ier.

  1. Le Salazien, journal de Bourbon déjà cité.