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Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/173

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cuper d’instruire les Nègres, et soyez-en sûr, lorsque le Blanc verra le Nègre son égal partout, au théâtre, à la promenade, à la municipalité, au tribunal, dans la milice, au collège lorsqu’il le verra juge et le jugeant bien, administrateur et administrant bien, médecin et le soignant bien, avocat et le défendant bien, capitaine et le commandant bien, artiste et l’émotionnant bien, soyez-en sûr, l’homme blanc ne méprisera plus l’homme noir ; et cela doit arriver, puisque l’homme noir est aussi perfectible que l’homme blanc ; mais cela n’arrivera pas tant que l’homme noir sera esclave, car il n’y a pas d’éducation possible au fond des ténèbres de la servitude.

Pour que le préjuge tombe, il faut que la race blanche s’accoutume à ne plus voir la race noire dans un opprobre éternel ; il faut qu’on la trouve en tout, belle, relevée et parée d’indépendance ; l’égalité de fait entraînera vite pour tout le monde l’égalité morale. Aussi bien nous ne parlons guère en ce moment que pour les colonies ; c’est là, nous croyons, qu’il faut porter le drapeau de l’œuvre réparatrice. L’Europe n’a généralement pas de mépris avoué pour les Nègres ; elle ne