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Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/18

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saires pour arriver à l’extirpation de ce préjugé sont incompatibles avec l’existence de l’esclavage.

Le préjugé contre la couleur des Noirs se lie intimement au fait de la domination et de l’oppression physiques que l’homme blanc exerce sur le noir. Un préjuge analogue est inhérent à toute supériorité d’un homme sur un autre. Parmi les Européens, il existe quelque chose de cela entre nous et nos serviteurs à gages, comme autrefois entre les catholiques et les juifs, comme encore aujourd’hui entre les seigneurs russes ou polonais et leurs serfs ; mais le préjugé contre les Noirs tient surtout à l’incapacité cérébrale qu’on leur a toujours prêtée ; or, cette incapacité est devenue une certitude pour ceux qui l’admettent uniquement, parce que les uns se sont contentés de regarder les Nègres dans l’esclavage, et que les autres ont cru les maîtres sur parole. Nous ne contestons pas que l’état moral des esclaves dans les colonies ne puisse justifier cette opinion fatale à toute leur race ; nous les avons approchés, nous les connaissons, et nous savons jusqu’à quel point de dégradation ils sont descendus ;