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Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/20

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ne sait donc point ce que c’est qu’un serf, dit M. J. Czynski ? Croirait-on que ces malheureux, presqu’entièrement privés de leurs facultés intellectuelles, ont perdu l’usage de la parole ? Ils sont incapables de soutenir la plus simple conversation, d’échanger même quelques phrases sur des sujets domestiques. J’ai vu cent fois de pauvres serfs suer sang et eau pendant une heure pour expliquer une commission dont ils étaient chargés, et qu’un enfant libre de cinq ans aurait rendue en une minute. Le dictionnaire d’un serf est en harmonie avec ses occupations journalières, extrêmement limitées dans la monotonie d’un même cercle[1]. — « Que la Valachie, qui compte au moins 100, 000 esclaves dans son sein, ne les abrutisse pas par de mauvais traitements et d’absurdes corrections, jusqu’à les réduire à l’état d’idiotisme, etc.[2]. » —

Et pourtant le servage est bien moins horrible que l’esclavage il laisse à l’individu

  1. Russie pittoresque, article intitulé : Affranchissement des blancs.
  2. Coup-d’œil sur la la Valachie et la Moldavie, par Raout Perrin, 1839.