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Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/41

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Mungo Park éprouva plusieurs fois la charité des Nègres. Il raconte entre autres une aventure pleine de grâce et d’un charme austère. « Je fus obligé, c’était près de Ségo, de m’asseoir au pied d’un arbre sans avoir rien à manger. Vers le soir, une femme revenant des travaux de la campagne s’arrêta pour m’observer, et, remarquant mon air fatigué, elle s’informa de ma situation. Je l’en instruisis en peu de mots ; alors elle prit la bride de mon cheval que j’avais déjà dessellé, et d’un air de bonté me dit de la suivre. Elle me conduisit dans sa hutte, alluma une lampe, étendit une natte, m’engagea à me coucher et sortit. Elle revint bientôt avec un poisson à la main, le fit griller légèrement sur des cendres, et me le donna à manger. Après avoir ainsi accompli les devoirs de l’hospitalité, ma respectable hôtesse me montra la natte du doigt et me dit que je pouvais dormir là en toute sécurité. Puis s’adressant aux autres femmes de sa famille qui étaient venues et s’occupaient à me regarder avec étonnement, elle leur dit de prendre leur ouvrage habituel qui consistait à filer du coton. Elles se livrèrent