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Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/61

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S’en fut allumer un flambeau.
Toujours la sotte imprévoyance
Produit des résultats facheux
Qu’advint-il de leur imprudence ?
Elles fondirent toutes deux.

Le spirituel traducteur fait remarquer avec infiniment de raison qu’il est difficile de trouver un plus charmant trait d’esprit que celui de cette fable. « Le tour et la chute en sont d’une originalité remarquable. Est-il beaucoup d’Européens qui exercent avec autant de bon sens et de délicatesse la double prérogative humaine de penser et de parler ? »

On sait l’immense réputation que Lokman avait dans l’antiquité arabe comme fabuliste et comme philosophe. Mahomet le cite dans le Coran (ch. 31). Quelques auteurs penchent même à croire que l’Ésope des Grecs est le Lokman des Arabes[1]. Les Grecs s’étaient assimilés tant d’idées, tant de choses, tant d’hommes du passé ! Quoiqu’il en soit, Lokman était Nègre et en outre esclave comme Ésope.

  1. Savary, notes de la traduction du Coran.