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Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/63

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jor Denham met cette note en tête de son journal : « L’extrême blancheur de ma peau me rend encore ici un objet de pitié, d’étonnement et peut-être même de dégoût[1]. » Quelle que soit l’épiderme, l’homme est partout le même, hélas ! ce qui ne lui ressemble pas lui inspire d’abord dédain ou horreur. — Dans le nord de l’Afrique, toutes les grandes réceptions chez les chefs se font assis, le dos tourné. On ne doit pas regarder le sultan. À Kossery, ville du Loggoun, le sultan auquel le major Denham fut présenté voulut absolument savoir pourquoi ce voyageur, étant assis, penchait le visage de son côté. « Je répondis naturellement que tourner le dos serait, dans mon pays, un affront grossier, ce qui le fit rire de tout son cœur[2]. » Assurément nous ne ririons pas de moins bon cœur, si quelque marchand de Loggoun présenté à Louis-Philippe, commençait par s’asseoir en lui tournant le dos, et assurément, en cela nous serions tout aussi déraisonnables que le chef de Loggoun.

  1. Voyage déjà cité, ch. 2.
  2. Même voyage, ch. 3.