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Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/84

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me le héros d’Oviédo, par écrire ses mémoires. Enlevé d’Afrique, conduit aux Barbades, il gagne, perd et regagne sa liberté, fait toutes sortes de métiers, mène avec énergie une vie qu’il dispute à la fatalité, parcourt l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la Turquie, le Groënland, et après trente ans d’orage vient se fixer et se marier à Londres, où il compose des mémoires authentiquement de lui dont la neuvième édition parut en 1794. Il y flétrit l’esclavage et propose entre autres choses des vues sur la direction d’un commerce européen avec l’Afrique.

Les Noirs devaient avoir aussi leur Épictète aux réponses laconiques et profondes. — Un maître secoue son esclave endormi. « N’entends-tu pas ton maître qui appelle ? » Le Nègre ouvre les yeux, qu’il referme aussitôt, et ses grosses lèvres murmurent : « Sommeil n’a point de maître. » On laissa cette fois dormir le pauvre philosophe.

Nous avons vu, il y a quelques mois, au théâtre de madame Vestris, à Londres, un acteur nègre qui est bon comique ; il jouait à côté du fameux Liston, et paraissait fort goûté du public. Mais où excellent les Afri-