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Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/93

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Martinique, où il était né en 1771, avait reçu de la nature tous les dons qui peuvent disposer à la constance et au courage, dans les grandes vicissitudes de la vie ; et de l’éducation, tous les principes qui peuvent en embellir les instants paisibles. Quand la liberté des Noirs fut proclamée, il devint l’ami de la France. Élevé au grade de capitaine des chasseurs de la Guadeloupe, il combattit vaillamment contre les Anglais, auxquels il ne céda la batterie dont il avait été chargé que lorsqu’il vit tous les siens tués ou renversés à côté de lui. Fait prisonnier et déporté en Angleterre, il conçut et exécuta le hardi, le téméraire projet, à la vue des côtes d’Ouessant, de s’emparer du bâtiment qui le conduisait en Angleterre et de l’amener à Brest. Incorporé dès son arrivée dans un bataillon, il fit une campagne en Vendée sous le général Westermann ; appelé ensuite à Paris pour donner des renseignements sur la prise de la Guadeloupe, il fut nommé, en l’an III, adjoint aux adjudants-généraux pour Saint-Domingue. Par ses talents militaires et la considération qu’il acquit auprès des Noirs,