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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/111

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seraient condamnés à la prison ou à l’amende, dans ce cas, comme dans celui de la prévarication.

Toutes les amendes d’argent formeront une caisse destinée à satisfaire aux dépenses de l’espèce.

Art. 12. Il sera institué aux profit des esclaves une caisse de prévoyance, à l’instar de celle que la Banque de France tient à Paris au profit du peuple.

Comme l’esclave n’est pas moins soupçonneux par caractère que par position, le gouvernement sera responsable de cette banque qui encouragera les noirs à mieux travailler, lorsqu’ils verront ainsi leurs économies s’augmenter journellement des intérêts des intérêts.

Sans doute on trouvera d’abord un nombre infiniment petit de noirs disposés à profiter des avantages que nous leur offrons ; la plupart même ne les comprendront point, et aimeront beaucoup mieux dormir que d’aller à l’école, et s’enivrer que de placer à la Caisse de prévoyance. Mais l’expérience du bien se fera peu à peu sentir ; la vue de l’état heureux des premiers intelligens et des premiers affranchis poussera insensiblement les retardataires à l’étude ; à mesure que l’on approchera du terme de la liberté, les bénéfices de nos propositions jailliront aux yeux des plus abrutis ; et puis, en résumé, ceux-là qui ne voudront pas en jouir mourront dans la servitude.

Il est vrai que l’ignorance ou l’avilissement des esclaves est une des conditions de la sécurité de leurs maîtres, mais la marche toujours lente des améliorations doit tranquilliser ceux-ci d’autant plus que les émancipations successives corrigeront ce que pourraient avoir de dangereux les effets de l’éducation versée sur les ateliers.

Art. 13. Le maître sera tenu de libérer son esclave, lorsque celui-ci payera sa rançon en prouvant qu’il l’a légitimement