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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/113

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cependant, comme la liberté est l’essence de sa pensée, le principe dominateur de ses décisions, elle ne peut souffrir que le nègre qui a le moyen de devenir libre en vous remboursant sa valeur, ne le devienne pas. Il est possible sans doute que vous y attachiez une valeur idéale ; mais que voulez-vous ? La France viole la loi suprême en vous accordant des esclaves ; vous devez à votre tour faire des concessions d’ordre devenues indispensables. — Heureusement, en définitive, on n’a pas vu jusqu’ici les maîtres si fort attachés à leurs noirs qu’ils ne voulussent s’en séparer à aucun prix, et puis il le faut !… il le faut ! Cette parole est impitoyable comme le temps qui passe.

Art. 14. Le maître qui voudra transporter son esclave dans un pays étranger, ne sera tenu à aucune indemnité, mais aura besoin du consentement de l’esclave.

Art. 15. Il suffira de la simple volonté du maître pour affranchir un esclave.

On exigeait dans ce cas que le maître assurât des moyens d’existence à son affranchi. Cette disposition est rayée. J’ai lu, sans être convaincu, tout ce qu’ont écrit M. Foignet et ses amis pour son maintien. — Il n’y aurait pas un colon dans les colonies, si on avait demandé à eux ou à leur père de faire preuve de moyens d’existence pour y être reçus. — Ne craignons pas qu’un maître libère un mauvais sujet, il le vendra. — L’esclave auquel on accorde la liberté est nécessairement un homme qui l’a méritée par de longs services ou un grand dévouement, et je ne crois pas que ceux qui s’opposeraient encore à ce que nous demandons, puissent citer beaucoup de noirs affranchis par leurs maîtres, qui se soient montrés indignes de la liberté. — Dans tous les cas, les émancipations de ce genre ne seront jamais assez nombreuses pour être à craindre, parce que l’atelier national recevrait les