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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/121

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pendu s’il a fait pendre, fouetté s’il a fait fouetter, emprisonné s’il a fait emprisonner. Nous dirons à ce propos qu’il serait bien de tâcher de former à Paris un conseil des colonies composé d’Européens, devant lequel seraient portées les réclamations des condamnés, et toute discussion entre l’administration et les administrés. Comme ce conseil, dont les fonctions seraient gratuites et les délibérations publiques, jugerait immédiatement, il est peu probable que la faiblesse ou la complicité des autorités locales résistassent long-temps à un si grand jour ; et assurément beaucoup de victimes, dont les cris sont étouffés aujourd’hui par les lenteurs de la Cour de cassation ou du Conseil-d’État, et par la crainte des frais énormes que coûte cette justice, viendraient porter leurs plaintes devant ce tribunal accessible à tous.

Nous avons dit plus haute que tous les enfans d’esclaves qui naîtraient à partir de la promulgation de la loi seraient payés aux planteurs, et recueillis par le gouvernement. On les placerait, dès qu’ils auraient été sevrés sur l’habitation, dans des maisons à peu près semblables à nos hospices d’enfans-trouvés ; leurs mères pourraient les y venir visiter ; et on les élèverait aux frais de la nation, en divers métiers, pour être utilement répandus ensuite dans la société, où ils jouiraient des droits de leur condition.

On consacrera les amendes prononcées pour les crimes de l’espèce, à tous ces établissemens que les amis de l’humanité enrichiront probablement de leur souscription et de leurs legs.

Si vous administrez bien les colonies, elle coûteront la moitié moins qu’aujourd’hui. Appliquez pendant quelques années ces bénéfices aux institutions philanthropiques que nous vous proposons, et vous n’aurez rien à demander à l’État ; mais avouons que si elles venaient à lui causer quel-