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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/153

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produits que les nations tropicales viendront acheter à mesure que les besoins de leur consommation le demanderont.

En particularisant ces idées générales, on est amené à la conclusion que la Martinique et la Guadeloupe, au lieu de rester colonies dans l’ancienne acception de ce mot, doivent devenir, concurremment avec les îles voisines, l’entrepôt de toutes les marchandises de tous les pays de l’Europe, et notamment des produits de l’industrie du sol français, pour la consommation d’une partie des États-Unis, du Mexique, de Guatimala, de la Colombie, des colonies de la Guiane, et des différents îles de l’archipel des Antilles.

Le système proposé n’est pas tellement nouveau, qu’on doive le considérer comme hasardeux dans l’application. La Havane, grâce à ses franchises, est depuis long-temps le centre d’un commerce actif ; Saint-Thomas, port franc, est fréquenté par les pavillons des deux mondes, et il se fait plus de commerce dans cette unique possession du Danemarck que dans toutes les autres petites îles des Antilles réunies. Comment de tels exemples ont-ils été perdus jusqu’à présent pour la France ?

La Martinique et la Guadeloupe, dans une position entre les deux Amériques, pour le moins aussi centrale que St-Thomas, et d’un accès beaucoup plus facile aux navires d’Europe et à ceux de l’Amérique du sud, auraient pu devenir ce qu’est devenu Saint-Thomas, si, en France, le pouvoir qui vient de tomber aux applaudissemens de tout le monde civilisé, n’avait eu pour règle invariable de restreindre et d’exclure, et n’avait, dans l’intérêt d’un petit nombre, tenu ces possessions en état d’interdiction et de séquestre.

Le moment est venu d’agir d’après d’autres principes à l’égard des colonies.