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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/18

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moins d’examiner une fort curieuse anecdote dont un planteur, M. F. P., se porte lui-même garant ; elle servira à faire apprécier la portée de toutes les autres, et l’on nous saura gré d’avoir préféré celle-ci ; car l’extrait qu’en a fait la Revue britannique, journal écrit pour les esprits sérieux, lui a donné un funeste retentissement. L’auteur dont nous parlons s’exprime en ces termes : « Voici un fait dont je puis garantir l’authenticité : Un nègre, arrivé depuis à peine quatre ou cinq ans de la côte d’Afrique, apprend qu’il doit se faire une vente de nègres nouveaux au bourg voisin ; il va trouver son maître, et lui dit ; Maître, je veux acheter une négresse. — C’est bien, lui répond en riant celui-ci ; mais pour cela, il faut de l’argent. — J’en ai ; voilà cinquante moïdes (environ 1,800 fr.) — Mais si tu es riche, il vaut mieux t’acheter toi-même. — Nenni ; pas si bête, maître ; vous fournissez à tous mes besoins, et une fois libre, il faudrait que j’y pourvusse moi-même. Je veux acheter une négresse pour en faire ma femme, pour qu’elle soigne ma case, et qu’elle travaille avec moi pour vous, maître. Rien n’a pu le faire changer de résolution : il a acheté sa négresse, vit maintenant avec elle, et la fait travailler à ses côtés au jardin de son maître. »

Étrange contradiction ! inconcevable bizarrerie avec laquelle on suppose, quand on veut, à