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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/20

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M. F. P. lui-même, un esclave venant de la côte, « loin de pouvoir gagner si promptement, reste pendant deux ans au moins à charge de son propriétaire. » Comment donc ce nègre mettrait-il annuellement six cents francs de côté, outre ses autres dépenses, sitôt après ce temps d’épreuve ? — Pour éclairer mieux encore la conscience de M. F. P., rappelons-lui l’article du Code, et les ordonnances maintenues par tous les usages en vigueur, qui déclarent l’esclave, inhabile à posséder un esclave.

Puisque je réponds à M. F. P., on me permettra d’ajouter encore deux mots. Dans la brochure qu’il a bien voulu écrire pour me réfuter, il nie qu’il y ait un marché où l’on puisse trouver à acheter un nègre à son choix ; mais n’est-il pas scrupuleusement vrai que, dans toutes les îles où il y a des esclaves, le propriétaire qui veut se défaire de son nègre, le vend, s’il lui plaît, aux criées sur la place publique, après l’avoir fait mettre dans les affiches ? Nous pourrions citer les affiches, s’il le fallait ; et dès-lors, est-on fondé à dire que nous soyons allés au-delà de la plus exacte vérité, en écrivant que « les esclaves sont traînés sur les marchés comme nous y conduisons nos veaux et nos moutons[1] » ? — Cela se fait partout, et nous af-

  1. Des Noirs. (Revue de Paris.)