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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/37

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l’avons dit ; mais il suffira de nous lire pour apercevoir tout ce qu’a d’erroné une pareille conclusion. Aujourd’hui contentons-nous de faire remarquer que l’esclave a droit de se racheter dans les colonies anglaises et espagnoles, mais non dans les nôtres. — Et ne manquons pas d’admirer, à ce propos, comme les faiseurs de loi sont conséquens !

Ils ont proscrit l’esclavage en mettant sur le papier un terme à la traite ; ils ont réglé presque légalement le sort des esclaves ; ils ont levé quelques-uns des obstacles qui s’opposaient à leur affranchissement ; enfin, ils leur ont accordé le droit de se racheter moyennant une somme à déterminer par des arbitres. — Jusqu’ici tout est bien. — Mais ce malheureux qui, par de douloureuses épargnes, a péniblement accumulé cinq ou six cents piastres pour sa rançon, le voilà libre ! Dès le lendemain, il court au marché acheter des esclaves. — Pendant de longues années il a maudit ses maîtres : eh bien ! il devient maître à son tour, et maître féroce, inexorable ; car, ayant toujours cédé à l’impulsion de coups et de la violence, il n’imagine pas, ne soupçonne même pas qu’il y ait d’autres moyens de se faire obéir. — Ainsi, au prix de cinq cents piastres, on a gratifié un être abruti de celui des droits de l’homme libre dont il peut faire le plus mauvais usage, du seul qu’il eût été sage de lui refuser !