Aller au contenu

Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

efforcé de prouver que nous sommes susceptibles d’intelligence et de perfectibilité, par opposition aux sophismes de quelques raisonneurs, qui auraient prétendu qu’étant sans arts et sans culture, les habitans des Gaules étaient un intermédiaire entre l’homme et la brute ? »

On a parlé de l’état misérable des habitans de Saint-Domingue, et j’entends quelquefois en tirer la conclusion que les nègres sont incapables de vivre en société policée. Mais peut-on nous citer un pays qui soir parvenu, en quinze années, à une civilisation complète ? Faites la part de chacun, considérez que la population actuelle d’Haïti est composée des restes et des enfans de ces esclaves, sauvages et cruels vainqueurs de leurs tyrans, de ces fougueux insurgés qui ont vécu trente ans entiers au milieu des troubles et de la licence, et dites si les républiques du Sud, placées, on l’avouera, dans des conditions de progrès et de perfectionnement tout opposées, sont cependant plus avancées que Saint-Domingue ? — Depuis le commencement du monde les masses sont accoutumées à être conduites par des êtres privilégiés que la nature leur accorde. Eh bien ! attendez donc que le génie des nègres apparaisse, laissez faire au temps, car l’avenir est dans ces éclatantes pa-