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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/93

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frir de l’emploi à cet excédant de notre population d’Europe qui végète dans les privations ! Engourdie ici par la misère et le froid, cette population est toute disposée à aller coloniser ; ses redoutables bras n’attendent que du travail pour cesser d’être menaçans ; et jusqu’à ce que le gouvernement ouvre aux prolétaires de vastes exploitations du sol, comme le propose M. de Morogues[1] dans son précieux mémoire, nous aurons deux fois à nous applaudir d’encourager leur émigration, capable peut-être d’arrêter pour long-temps les effroyables progrès que fait le paupérisme en France. — Voilà donc nos travailleurs trouvés ! En allant porter leur active industrie dans nos possessions d’outre-mer, ils les vivifieraient, les rendraient aussi manufacturières qu’elles sont agricoles, et tripleraient leur population. Qui peut dire si les travaux intelligens de ces nouveaux colons n’amèneraient pas un jour une telle baisse dans le prix des produits coloniaux, qu’ils pourraient rivaliser avec ceux des Indes ?

M. Muler, qui a long-temps habité la Guadeloupe, fait, à l’égard de la culture libre,

  1. De l’utilité des machines, de leurs inconvéniens, et des moyens d’y remédier, en assurant l’extension et les progrès de notre agriculture.