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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/99

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gouvernement n’aura donc plus besoin que d’un petit groupeur de chiffres, bien coquin et bien habile, pour nous sucer légalement, comme on dit, le meilleur de notre sang.

C’est affreux à penser !

J’ai avancé tout à l’heure qu’avec la liberté, l’homme des colonies deviendrait meilleur. Cette assertion est d’un tel poids, et peut faire tant d’impression sur l’esprit public, que j’éprouve le besoin de citer quelques graves autorités pour lui donner toute sa puissance.

« L’esclavage endurcit le cœur du maître ; il avilit le cœur de l’esclave. Celui-là contracte avec ses esclaves toutes sortes de mauvaises habitudes, et s’accoutume insensiblement à manquer à toutes les vertus morales ; celui-ci ne peut rien faire par vertu[1]. »

« L’habitude de vivre avec des esclaves donne aux maîtres un goût pour la tyrannie et la mollesse, qui les rend incapables d’aucun de ces sentimens élevés qui font la gloire des nations et le bonheur des individus. Le peu d’humanité qu’on observe communément dans la conduite de ces hommes accoutumés dès leur enfance à exercer une autorité despotique sur leurs semblables, doit être suffisante pour nous dégoûter de cette auto-

  1. Esprit des Lois.