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Page:Schœlcher - Le procès de Marie-Galante, 1851.djvu/31

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vice toute la journée. Ce simple rapprochement peut faire apprécier, d’une part, le danger des attaques des assaillants ; d’autre part, ce que l’accusation appelle les nécessités de la défense ! En tous cas il reste constant, d’après la propre déposition de M. Hoüelche, que « c’est seulement après les trois feux de peloton que le rassemblement alla incendier une pièce de cannes. » L’incendie fut donc un acte de vengeance, toujours très-coupable, mais provoqué par la fusillade.

Nous nous sommes imposé la loi de respecter la vie privée des personnes dont nous discutons les actes officiels : cependant, il nous est impossible de dissimuler un trait particulier propre à faire apprécier le caractère qu’a pu avoir l’intervention de M. Hoüelche dans ces événements. À notre sens, de même que la conduite de M. Bonneterre est la cause originelle des désordres, de même, l’emportement de caractère du capitaine des milices est la cause de la collision sanglante. Or, nous trouvons une constatation nouvelle de cet emportement de caractère dans une condamnation pour voies de faits encourue par M. Hoüelche, le 18 mars 1850[1].

On prétend que M. Rabou, toujours impartial et surtout jaloux de l’honneur de la magistrature, aurait dit en ap-

  1. M. Jean-Sébastien, le 28 décembre 1849, se présente chez M. Hoüelche pour réclamer le paiement d’un billet de 194 fr., souscrit à son ordre, Je 25 septembre 1848, pour solde de ses gages d’économe. Le débiteur déclare qu’il ne peut donner ni total ni à-compte, M. Sébastien se plaint et insiste. Aussitôt M. Hoüelche, qui se croit toujours au bon vieux temps de l’esclavage, se précipite sur son créancier et lui applique un si rude coup de poing sur le visage que le sang jaillit par le nez et injecte l’œil droit. Les mulâtres ne respectent plus rien, ils ne reçoivent plus les coups des blancs sans les rendre ; M. Sébastien commence par se défendre vigoureusement, et ensuite il porte plainte, après avoir fait constater par un médecin la gravité de sa blessure. M. Hoüelche porte également plainte comme ayant été battu par son ancien économe. Aux débats, les témoins renouvellent les dépositions qu’ils ont faites dans l’instruction, et il en résulte que c’est le capitaine qui a le premier frappé son créancier. La Cour, jugeant en police correctionnelle et composée de six magistrats, condamne M. Hoüelche à vingt jours de prison et 200 francs d’amende, et acquitte M. Sébastien.