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Page:Schœlcher - Le procès de Marie-Galante, 1851.djvu/48

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de Grand’Bourg). — Mais, messieurs, répondit-il avec une grande modération, cette influence, je ne crois pas en avoir jamais mal usé ; et cela devrait être évident pour vous, car beaucoup d’entre vous sont venus me trouver et m’ont demandé mon intervention pour le rétablissement du travail sur leurs habitations. J’ai accédé à leurs désirs et j’ai eu la satisfaction de réussir. — Le fait était vrai : il ne fut pas dénié. Il s’était produit dans beaucoup d’autres localités. Voilà ce qui s’est passé sous les yeux du commissaire général, en assemblée publique. Rois détrônés acceptant difficilement la déchéance, les colons n’en persistaient pas moins dans leurs incriminations passionnées, sans s’apercevoir qu’ils se montraient souvent ingrats envers des hommes auxquels sont dus en grande partie le succès de l’émancipation, le maintien de l’ordre et du travail, le salut des colonies. Voilà ce que dira sans doute un jour l’impartialité de l’histoire…[1]

« Le jeune et habile défenseur d’Alonzo s’emparait de ce témoignage devant la Cour d’assises.

« Cette solennelle déclaration, disait-il, sortie des méditations du cabinet après les émotions de la vie publique ; cette déposition antérieure au procès, cette voix d’outremer jetée par le hasard comme une défense providentielle au milieu des graves conjonctures qui nous traversons, tout ce témoignage emprunte du caractère particulier de son auteur une sorte d’irrésistible et mélancolique autorité[2]. »

« Voilà, messieurs, ce que je devais rappeler dans l’intérêt d’Alonzo, et pour donner toute leur puissance aux moyens de cassation qu’il présente.

« La défense a dit que cette affaire était un procès à l’influence d’Alonzo, après une tentative de déportation. Ne pourrait-on pas le croire, en présence de cet arrêt qui déclare Alonzo seulement coupable de complicité dans la rébellion, pour l’avoir provoquée par machinations et artifices coupables !

  1. Abolition de l’esclavage à la Guadeloupe et quatre mois de gouvernement dans cette colonie, par Ad. Gatine. Paris, 1849, page 60.
  2. Plaidoirie de Me Percin, rapportée par la Liberté, n° 50.