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Page:Schœlcher - Le procès de Marie-Galante, 1851.djvu/5

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LE
PROCÈS DE MARIE-GALANTE
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CHAPITRE I.

Faits préliminaires


La transformation sociale qui s’est accomplie aux colonies, par l’abolition de l’esclavage, a soulevé beaucoup de mécontentements dans l’ancienne classe des maîtres. En pouvait-il être autrement ? L’habitude d’une longue domination, le préjugé de couleur, si puissant parmi les propriétaires d’esclaves noirs, leurs intérêts matériels momentanément froissés, le regret des privilèges perdus, tout devait faire craindre l’opposition que rencontrerait cette grande mesure d’humanité, si légitime et si nécessaire qu’elle fût, si prudente et si sage qu’ait été la manière dont elle s’opéra. À la résistance que les abolitionnistes avaient éprouvée de la part des colons avant l’affranchissement, on pouvait mesurer l’ardeur de la lutte qui allait s’engager après la proclamation de la liberté. Cependant les faits ont dépassé les plus tristes prévisions. Le mauvais vouloir des adversaires du régime nouveau, comprimé un instant par la révolution de