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Page:Schœlcher - Le procès de Marie-Galante, 1851.djvu/7

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ments indispensables pour se prononcer avec connaissance de cause, nous laisserons à la conscience publique le soin de conclure, mais tout en respectant les arrêts de la justice coloniale, nous aurons établi ce que nous disons dès à présent : qu’il n’y a jamais eu de conspiration de noirs ni de mulâtres à la Guadeloupe ; que les troubles sont dus aux menées et aux rancunes de quelques éternels incorrigibles, encouragés par la conduite des autorités locales.

Avant d’entrer dans le détail des faits, exposons la situation au milieu de laquelle ils se sont produits. On ne peut isoler les conséquences de leur cause ; d’ailleurs, quelques mots suffiront.

Nous l’avons dit, c’est aux élections de juin 1849 que remontent les nombreux procès jugés dernièrement à la Basse-Terre. À cette époque, la direction supérieure de la Guadeloupe était confiée à M. Favre, capitaine de vaisseau, nommé gouverneur provisoire en remplacement de M. Fiéron, qui venait d’être rappelé en France pour rendre compte de sa conduite. Peu de mois auparavant, en effet, M. Fiéron avait embarqué d’un seul coup, brutalement, le procureur général, le préfet apostolique, et plusieurs autres fonctionnaires. Ces violences administratives, et le rappel qui en était résulté, auraient suffi seuls à exalter la coterie dont M. Fiéron était l’instrument, si déjà elle n’avait tout disposé, depuis les élections de 1848, pour tâcher de réparer l’échec qu’elle y avait essuyé. Il est bon aussi de noter que l’un des principaux chefs de service, M. l’ordonnateur Guillet, avait obtenu en 1848 les voix de la minorité, et que la majorité eut de nouveau à lutter contre son active hostilité.

Les choses en étaient là lorsque, par un hasard fatal, les élections de la Martinique précédèrent de quelques jours le moment fixé pour celles de la Guadeloupe, et compliquèrent la situation par le triomphe des candidats avoués du parti de la résistance. L’un des élus vint se présenter de nouveau aux suffrages des électeurs guadeloupéens, afin d’appuyer la combinaison des grands propriétaires, et surtout de faire échouer les candidats abolitionnistes.

Nous ne parlerons pas de cet agent électoral : nous avons