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Page:Schœlcher - Le procès de Marie-Galante, 1851.djvu/72

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dans le rapport officiel qui a servi de base à l’action judiciaire.


§ 4. — haute moralité des accusés de la gabarre.


Maintenant, pour faire ressortir mieux encore aux yeux de tous la moralité de cet inqualifiable procès de la Gabarre, il faut dire quels sont ces hommes que le procureur général appelle des meneurs dangereux, des excitateurs coupables, quels sont ces hommes que l’on a chargés devant la France des crimes les plus odieux ; non pas même d’assassinat et d’incendie, mais, ce qui est plus lâche encore, d’excitation à l’assassinat et à l’incendie, en se tenant cachés derrière les instruments de leurs forfaits :

Jean Charles est un modeste et laborieux ouvrier sans aucun mauvais antécédent.

« M. Antoine Jouannet, a dit Me Pory-Papy dans sa défense tour à tour pleine d’éloquence et d’esprit, M. Antoine Jouannet, si peu fait pour s’asseoir sur les bancs du crime, serait-il aussi un perturbateur, lui qui, après avoir passé par tous les grades, fut nommé par M. Jubelin, d’après sa bonne conduite, ses mœurs et sa loyauté, capitaine des pompiers, et reçut, en 1843, de son colonel, la date est précise et digne de remarque, nous étions en pleins préjugés de caste, une lettre, témoignage non suspect de partialité, qui le reconnaît un des plus dignes enfants du pays.

« Ce n’est pas tout que d’avoir servi avec distinction dans la milice pendant vingt-sept ans, M. Jouannet a eu aussi l’honneur, pendant dix ans, de faire partie du collège des assesseurs où il siège depuis 1840. En 1848, il parvint au conseil municipal et fut nommé conseiller privé. Est-il possible qu’un pareil homme soit un meneur, un excitateur, presque un conspirateur ? La chose est au moins invraisemblable et pourrait paraître incroyable à toute autre époque.

« Faut-il vous parler de ce franc marin, du capitaine Penny que la Basse-Terre avait adopté ? Il n’avait pas attendu la République pour fraterniser : la barrière des