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Page:Schelling - Bruno, 1845, trad. Husson.djvu/220

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comme dans un moyen terme formé à la fois de repos et d’activité. Or, le monde dans lequel l’être semble provenir de l’activité, et le fini de l’infini, monde que l’on considère en quelque sorte comme la cité de Dieu, construite par les mains de la liberté elle-même, se trouve en opposition avec la nature, où l’activité naît plutôt de l’être, et l’infini, du fini.

Par cette opposition, les hommes ont appris à voir la nature en dehors de Dieu, et Dieu en dehors de la nature ; mais en soustrayant celle-ci à la nécessité sainte, pour la subordonner à la nécessité impie qu’ils nomment mécanisme, ils ont aussi, par cela seul, fait du monde idéal le théâtre d’une liberté sans frein comme sans lois.

En ne faisant de la nature qu’un être purement passif, ils crurent aussi avoir le droit de ne voir en Dieu, après l’avoir élevé au-dessus de cette dernière, qu’un simple esprit, qu’une pure activité, comme si ces deux idées, esprit et matière, n’étaient point identiques, nulle n’étant vraie sans l’autre.