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Page:Schelling - Bruno, 1845, trad. Husson.djvu/39

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celle qui exige la plus grande indépendance de conditions, ne peut naître d’une manière temporelle, et que, d’un autre côté, on ne saurait appeler beauté rien de ce qui est temporel.

Alexandre.

D’après cette manière de voir, nous serions dans une grande erreur, nous qui avons coutume de nommer beaux certains objets de la nature et de l’art.

Anselme.

Je ne nie pas non plus l’existence de la beauté ; mais seulement son existence temporelle. Je pourrais te citer ici les paroles de Socrate dans Platon : Celui, dit-il, qui est depuis longtemps initié aux mystères, ne se représente pas facilement la beauté incréée à l’aspect de la beauté sensible qui emprunte son nom à la beauté par excellence ; tandis que le jeune néophyte, au contraire, en apercevant un visage divin, image de la beauté, ou plutôt de son type immatériel, est comme saisi d’admiration et de terreur ; puis il l’adore ensuite comme une divinité : aussi ceux qui ont