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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

temple de Bima à Samyé et ordonna de pousser vivement la traduction des livres sacrés en langue tibétaine.

Un autre souverain, nommé Langdar ou Langdharma, tenta encore d’abolir les doctrines bouddhistes. Il ordonna de démolir les temples et monastères, de détruire les images et de brûler les livres sacrés ; mais ces actes sacrilèges soulevèrent une telle indignation qu’il fut assassiné en 900 après Jésus-Christ[1]. Le fils de Langdar, son successeur, mourut aussi, dit-on, « sans religion » dans sa soixante-quatrième année. Bilamgour, petit fils de Langdharma, se montra au contraire favorable au bouddhisme ; il rebâtit huit temples et monastères et mourut après un glorieux règne de dix-huit ans. À cette époque se place « la seconde propagation du bouddhisme ». Il reçut, surtout en 970, un élan puissant, par les efforts réunis des prêtres tibétains qui rentraient (ils avaient fui sous les derniers rois) et du savant prêtre indien Pandita Atisha et son élève Bromston. Peu avant l’arrivée d’Atisha au Tibet (1041 après J.-C), la doctrine Kala Chakra, ou mysticisme tantrika, fut introduite dans ce pays. Dans les douzième et treizième siècles beaucoup de réfugiés indiens arrivèrent et aidèrent puissamment les Tibétains dans la traduction des livres sanscrits.

Trois cents ans après la mort d’Atisha nous arrivons à l’époque de Tsonkhapa, « le réformateur extraordinaire », qui naquit en 1355 dans le district d’Amdo, là où s’élève maintenant le fameux monastère de Kounboum. Tsonkhapa s’était imposé la tâche ardue d’unifier et de réconcilier les écoles philosophiques et mystiques que le bouddhisme tibétain avait fait naitre ; il voulait extirper les abus graduellement introduits par les prêtres, qui étaient revenus aux anciennes fourberies et aux prétendus miracles du charlatanisme afin de prouver à la foule leur mission extraordinaire.

Tsonkhapa défendit strictement ces procédés et contraignit l’ordre sacerdotal à la sévère observation des lois qui lient les prêtres : il se distingua aussi par la composition d’ouvrages très serrés, dans lesquels les principes de la religion bouddhique sont exposés à son point de vue particulier. Selon les traditions, il eut quelques entretiens avec un étranger de l’Ouest, remar-

  1. Ssanang Ssetsen recule cet évènement en 926, Langdharma était né en 861 selon Csoma : Ssanang Ssetsen dit 863 et Klaproth 901.