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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

vre, huit, du ventre, oiseau, singe, de, dessus, perpétuel ; nyer, g̣’sum, mi, ro, ḅrgyd, g̣rod-gyi, bya, spul, nas, yas, ṛtag.)

29° Le dordje, bon. (Vingt-sept, singe, perpétuel ; nyer, bdun, sprel, ṛtag.)

30° L’écaille de la tortue, bon. (Trente, fleur de lotus, feuille, huit, chien, tonnerre, deux, le premier, perpétuel ; sum-ḅchu, padma, ḅab, bṛgyad, gyi, brug, g̣nyis, yas, ṛtag.)

II. tables de direction dans les entreprises importantes

1. La Tortue carrée

La figure essentielle de ces tables est une tortue, dont les pieds ont souvent la forme de mains (voyez planches XXXIII, XXXIV, XXXV) ; son écaille forme de nombreux compartiments, dans chacun desquels est tracée quelque figure allégorique symbole d’une partie ou d’une direction de l’univers. Les boudhistes tibétains croient que la terre repose sur la tortue ; c’est pour rappeler cette croyance qu’on la représente ordinairement entourée d’eau, qui figure l’Océan qui baigne les rivages des divers continents. Voici la légende qui s’y rapporte et que Pallas a aussi trouvée dans les tribus mongoles[1] :

Toutes les fois que l’univers, après sa destruction, doit être reconstitué, le chaos, masse fluide et incohérente, est un peu séché par les vents et les ingrédients liquides se séparent des solides. À l’époque de la création de notre monde, Mandjousri fit émaner de lui-même une tortue gigantesque, qui flotta sur ce chaos. Considérant alors, comme dieu de sagesse, que les continents qui allaient se former avaient besoin d’une base solide, il s’élança dans l’atmosphère et lança une flèche d’or qui frappa la tortue dans le flanc droit ; par suite de cette blessure, la tortue renversée s’enfonça dans la masse chaotique perdant son sang par ses blessures, laissant derrière elle ses excréments, vomissant le feu et augmentant ainsi les molécules élémentaires dissoutes dans l’eau ; quand le monde se consolida, elle devint la base de l’univers, qui repose maintenant sur le côté plat de son écaille inférieure.

Cette surface est désignée positivement, dans toutes les représentations que j’ai vues, comme l’écaille de dessous et non le dos de la tortue. La tête est

  1. Comparez Pallas, Mongol Völker Schaften, vol. II, p. 21. Les Lamas disent que le récit le plus complet se trouve dans le livre tibétain Shecha rabsal, « histoire de la science ».