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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

en ses principes ; son caractère est la hardiesse de la spéculation philosophique. Voici son dogme fondamental[1] :

Toute existence est un mal ; car la naissance enfante le chagrin, la souffrance, la décrépitude, la mort.

La vie présente n’est pas la première ; d’innombrables naissances l’ont précédée dans les siècles antérieurs.

La reproduction d’une nouvelle existence est la conséquence du désir des objets existants et des actions agrégées en une succession non interrompue depuis le commencement de l’existence. La propension aux plaisirs de la vie produit le nouvel être ; les actes des premières existences déterminent la condition dans laquelle ce nouvel être devra naître.

Si ces actes ont été bons, l’être naîtra dais un état de bonheur et de distinction ; au contraire, ont-ils été mauvais, l’être est destiné à un état de misère et de dégradation. L’annihilation absolue des conditions et douleurs de l’existence — Nirvâna — s’obtient par une domination très complète de la passion, des mauvais désirs et des sensations naturelles.

Sakyamouni développe cette doctrine fondamentale dans la théorie des quatre excellentes vérités : la douleur, la production, la cessation, le chemin. Elles s’appellent en sanscrit : Aryani Satyani, et en tibétain : Phagpai Denpazhi. Leur sens peut se définir ainsi :

1° La douleur est inséparable de l’existence.
2° L’existence est produite par les passions et les mauvais désirs.
3° La cessation des mauvais désirs met fin à l’existence.
4° Révélation de la voie qui mène à cette cessation.

En détaillant les préceptes moraux de la quatrième vérité, il indique huit bons chemins :

1° La bonne opinion ou orthodoxie ;
2° Le bon jugement qui dissipe tous doutes et incertitudes ;
3° Les bons discours ou parfaite méditation ;

  1. Voyez l’importante exposition de Köppen Die Religion des Buddhas, pp. 213, 226. On trouve des notes sur les dogmes primitifs du bouddhisme dans de nombreux passages de Burnouf, Introduction au bouddhisme indien et Lotus de la bonne Loi ; dans Hardy Eastern monachism et Manual of Buddhism.