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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

de branche prasanga ; il nous reste à l’examiner avant de terminer notre étude du système mahāyāna.

ÉCOLE PRASANGA MADHYAMIKA

Cette école[1], probablement appelée en tibétain Thal-gyourva, fut fondée par Bouddhapalita et arriva bientôt à dépasser toutes les autres écoles du système mahāyāna, malgré les attaques dirigées contre elle par Bhavya, le fondateur de l’école svatantra madhyamika. Le succès de l’école prasanga est dû, en grande partie, aux commentaires et aux ouvrages d’introduction, écrits aux huitième et neuvième siècles par Chandrakirti (tib. Dava Daypa) et autres savants. Ces succès coïncidant avec une immigration considérable de prêtres indiens au Tibet sont causes que l’école prasanga est maintenant considérée par les Lamas tibétains comme celle qui seule enseigna et expliqua véritablement la foi révélée par le Bouddha.

L’école prasanga prit son nom du mode particulier qu’elle adopta de déduire l’absurdité et la fausseté de chaque opinion individuelle.

Les Prasangas disent que les deux vérités Samvriti et Paramartha ne peuvent être soutenues ni comme différentes ni comme identiques ; si elles sont identiques, nous devons dépouiller à la fois Paramartha et Samvriti, et si elles sont différentes, nous ne pouvons être délivrés de Samvriti ; comprenant par l’expression non-moi tous les objets qui sont composés ou existent dans Samvriti, nous lui attribuons un caractère identique à ce qui est existant et simple (Paramartha) ; mais si c’est déjà le caractère de Samvriti, cela dénote que les objets ont déjà une existence parfaite. Donc ils sont déjà arrivés au salut (tib. Dolzin). De ces considérations tirées par les cheveux les Prasangas déduisent que les deux vérités ont une seule et même nature (tib. Ngovo Chig), mais deux sens différents (tib. Togpanyi). Ces spéculations sont appelées Prasanga.

L’école prasanga soutient que les doctrines du Bouddha établissent deux chemins, l’un conduisant aux plus hautes régions de l’univers, les cieux Soukhavati, où l’homme jouit du parfait bonheur, mais reste lié à l’existence personnelle ; l’autre conduisant à l’entier affranchissement du monde, c’est-

  1. Voyez pour détails, chap. ix.