Aller au contenu

Page:Schoebel - Étude sur le rituel du respect social dans l’état brahmanique.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Manu traite le plus complètement les matières faisant le sujet de ces çâstras. Ces matières se rapportent à ce que les Hindous appellent les trois états त्रिदशाः, la naissance, la vie et la mort, et se divisent en trois parties, dont la première, nommée आचार, s’occupe du règlement des devoirs domestiques et civils et des rapports des castes entre elles, tandis que la deuxième, nommée व्यवहार, embrasse tout ce qui a trait aux affaires judiciaires. La troisième partie, nommée प्रायश्चित्त, édicte les pénalités ou les expiations. On voit par là que le rituel qui règle les cérémonies de la salutation, les démonstrations de la politesse brâhmanique, doit trouver sa place dans l’âtchâra, la division des coutumes et

    sible à tous par l’édition de M. Stenzler. Quant à Manu, qui, pour le dire en passant, n’est qu’une personne fictive, une antique personnification de l’humanité comme être pensant, qui mesure (मा, मन्) ou règle tout et devient ainsi le type du législateur, le Roi (Minos), l’homme par excellence (et, en effet, dans le Véda, manu, quelquefois, signifie simplement homme ; cf. le Mannus germanique, W. Wackernagel, dans la Zeitschrift für deutsches Alterthum, de Haupt, VI, 19) ; — je dis, quant à Manu, il cite des législateurs tels que Atri, Gôtama, fils d’Utathya, Çaûnaka, Bhrigu (III, 10) et Vasishtha (VIII, 140). Il y avait donc déjà des codes, ou, si l’on veut, des sûtras ou fils régulateurs juridiques, avant le code de Manu. Tels étaient en effet les Grihyasûtras ou Smârtasûtras, appelés ainsi, parce que leurs dispositions se rapportaient principalement aux affaires domestiques (griha maison) qui étaient de tradition (smriti tradition). — Mais quel est l’âge du code de Manu ? Il serait difficile sinon impossible de le dire au juste. Toutefois comme Brahma y apparaît déjà comme le dieu suprême tandis que les livres du buddhisme primitif, les sûtras simples, ne connaissent encore comme tel que le dieu suprême du Véda, Indra ou Çakra (Cf. Burnouf, Intr. à l’hist. du Buddh. p. 137 ; — Roth, Brahma und die Brabmanen, dans la Zeitsch. der deutschen morgent. Gesellschaft, I, 86), on est autorisé à soutenir, je crois, que ce code est postérieur au 6e siècle avant J.-C. ; — et d’un autre côté, il faut reconnaître qu’il est an-