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Page:Schoebel - Étude sur le rituel du respect social dans l’état brahmanique.djvu/21

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çabda भोःशब्दं. Le mot çabda veut dire proprement son, et il joue un grand rôle dans la grammaire indienne. On sait que de tous les peuples savants ce sont les Hindous qui ont pénétré le plus avant dans la nature de ce qui constitue le matériel du langage : on peut dire qu’ils ont épuisé sur les matières grammaticales tous les raffinements de l’analyse. Ils ont judicieusement distingué le son articulé elle mot grammatical, et ils ont appelé l’un çabda et l’autre pada. Par là ils ont grandement servi la science étymologique. Il faut dire pourtant que tous les grammairiens, et moins encore les exégètes, les scoliastes et les autres écrivains, ne se sont pas toujours préservés d’une confusion d’idées et de mots analogue à celle dont le Cratyle nous fournit, dans l’antiquité classique, l’exemple le plus remarquable[1]. Ainsi, il leur arrive d’attribuer au même mot, suivant sa différente signification, une racine différente. Ce procédé étrange est même formulé en maxime dans l’ouvrage qui est le commentaire orthodoxe du Vêda, et qui, à ce titre, fait partie des six Vedângas, je veux dire le Nirukta de Yâska. On peut s’en convaincre en ouvrant la belle édition du Nirukta de R. Roth, à la page 42[2], et où, à la page suivante, l’auteur, qui était grammairien aussi bien[3] qu’exégète, met son principe en pratique sur le

  1. Cf. Egger, Notions élément. de Gramm. comparée, p. 156.
  2. तानि (पदानि) चेत् समानकर्माणि समाननिर्वचनानि ना नाकर्माणि चेन् नानानिर्वचनानि यथार्थं निर्वक्तव्यानि ॥ (Naiyamakândam, II, 7. Cf. II, s ; p. 16).
  3. Dans le Naîgama, Yâska commence par exposer son système grammatical. (Ibid. I, 1-14).