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Page:Schoebel - Inde française, l’histoire des origines et du développement des castes de l’Inde.djvu/55

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ployés pour désigner des populations demeurées isolées l’une de l’autre. Cependant ces Çûdras, dont une partie s’est maintenue libre et indépendante, sont Aryens et ont toujours parlé une langue aryenne.

Cette dernière opinion est aussi celle de Weber[1], et on peut, je crois, l’adopter malgré L. v. Orlich, qui prétend que les Çûdras ne sont devenus un peuple de langue aryenne que par leur soumission au régime aryen, régime étranger pour eux, les aborigènes[2]. C’est beaucoup dire. Il y a certainement dans la facilité avec laquelle les Çûdras de l’Indus ont passé sous le joug castal, un argument pour soutenir leur nationalité aryenne primitive. Premiers venus sur les confins de l’Inde, mais trop faibles pour prendre possession de la terre promise à leur race par le destin, ils ont accepté, comme chose toute naturelle, l’hégémonie de leurs congénères survenant par la suite, la domination de ces pasteurs védiques dont le titre de viç, hommes libres, nous indique le tempérament robuste et énergique.

Mais je m’arrête de crainte d’empiéter sur la partie ultérieure de mon travail. Je passe donc au second point de mon programme, qui consiste à examiner si les auteurs qui ont écrit sur les castes « ne font pas la place trop grande à la théorie brâhmanique, et si cette théorie peut être admise comme l’expression d’un ordre de faits historiques ? » Cet examen ne peut utilement aboutir qu’à la condition que nous fassions d’abord une enquête approfondie sur ladite théorie.




(Extrait du Bulletin de la Société Académique Indo-Chinoise)
2e série, t. II, Novembre 1882.



  1. V. Indische Studien, II, p. 194, note 1.
  2. L. v. Orlich, Indien und seine Regierung, II, p. 3 ; 1859.