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cendant, le type ou la forme pure, alors remontant de cette vie toujours étroite et mesquine, où « tout revient à l’erreur, » à la vraie réalité de notre moi, l’homme se trouve réellement en pleine lumière, et la civilisation s’élevant à la culture de la véritable morale s’épure en conséquence. Mais couronner l’inanité de cette vie par la doctrine du vide cosmique, c’est obscurcir dans un vague désespérant tous les horizons du sentiment et de la raison , ouvrir la porte au mysticisme le plus malsain qui soit, et donner lieu au nivellement despotique le plus complet, comme aussi à l’uniformité de toutes les constructions humaines dans un énervant et abrutissant communisme. Non, l’esprit humain ne doit jamais complètement se désintéresser du plus ultra ! de l’excelsior ! et à cet effet, fut-il encore plus mal mal doté qu’il n’est, il ne saurait se passer de songer à un audelà.

Il est vrai, que si tous les peuples n’ont pas la notion de Dieu, tous ont celle d’une survivance après la mort. Mais en principe l’idée de l’immortalité, loin d’être grande et élevée, est étroite et mesquine, car elle procède directement de l’instinct d’égoïsme qui est le caractère naturel du moi humain. Si donc ces songes involontaires ne sont pas nourris d’aperceptions spiritualistes idéales, ou on force l’esprit d’écouter les oiseaux bleus qui volèrent, dit la légende (1), autour de Çâkyamuni en extase, c’est-à-dire de se nourrir de songes creux, songes qui sont les pères de toutes les superstitions et de tous les abrutissements. C’est ce qui est, dans le cercle de notre sujet, visible surtout pour cette grande race mongole, dont Marco Polo disait encore, « il sont bons hommes d’armes, et vaillant en bataille durement. Et souffrent plus de travail qu’autre gent, etc., » ajoutant toutefois « que orendroit [en ce moment] sont moult abastardi. » (2) Depuis lors son abâtardissement, tant physique qu’intellectuel, n’a fait qu’empirer, et il est certain que cette dégénérescence doit être

(1) Que donne le Chin i tian. (V. Klaproth, Foe koue ki, p. 284.)

(2) Marc Pol, p. 192, 196.