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Page:Schopenhauer - Éthique, Droit et Politique, 1909, trad. Dietrich.djvu/124

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dire ceci : dans l’ancien temps, le caractère de la vie publique, de l’État et de la religion, comme celui de la vie privée, était une affirmation énergique de la volonté de vivre ; dans le temps nouveau, il est la négation de cette volonté, puisque cette négation est le caractère du christianisme. Mais maintenant on rabat en partie, même publiquement, de cette négation, parce qu’elle est trop en désaccord avec le caractère de l’humanité on affirme secrètement en partie ce que publiquement on nie. Aussi l’insuffisance et la fausseté se rencontrent-elle partout. Voilà pourquoi le temps nouveau paraît si petit à côté de l’ancien.

La mort de Socrate et le crucifiement du Christ font partie des grands traits caractéristiques de l’humanité.

La nature est plus aristocratique que tout ce que l’on connaît sur la terre. Car chaque différence que le rang ou la richesse en Europe, les castes dans l’Inde, établissent entre les hommes, est petite en comparaison de la distance que la nature a irrévocablement établie sous le rapport moral et intellectuel ; et dans son aristocratie, comme dans les autres, il y a dix mille plébéiens pour un noble, des millions de ces gens-là pour un prince quant à la grande masse, elle a nom multitude, plebs, mob, rabble, la canaille.

Aussi ses patriciens et ses gentilshommes, soit dit en passant, doivent-ils, aussi peu que ceux des gouvernements, se mêler à la racaille ; et plus ils sont haut, plus ils doivent vivre à part et rester inaccessibles.