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Page:Schopenhauer - Éthique, Droit et Politique, 1909, trad. Dietrich.djvu/146

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la mémoire individuelle, est limitée ; le mieux serait donc de remplir celle-ci de ce qu’il y a de plus essentiel et de plus important en tout ordre de choses, en excluant tout le reste. Ce sont les cerveaux les plus capables et les maîtres en chaque spécialité qui devraient entreprendre un jour ce choix, et l’établir après mûre réflexion. Il devrait s’appuyer sur l’examen de ce qui est nécessaire à l’homme en général, et a chaque métier en particulier. Les connaissances de la première espèce devraient être ensuite partagées en cours gradués, ou encyclopédies, adaptés au degré de culture générale qu’on est en droit d’attendre de chacun, dans les conditions où il est placé ; ces cours partiraient de l’enseignement primaire indispensable, et s’étendraient jusqu’à tous les objets traités en philosophie. Quant aux connaissances de la seconde espèce, elles resteraient au choix des vrais maîtres en chaque branche. Le tout donnerait un canon spécial de l’éducation intellectuelle, lequel aurait besoin, il est vrai, d’être révisé tous les dix ans. Ces arrangements auraient pour conséquence d’utiliser de la manière la plus avantageuse la puissance juvénile de la mémoire, et de fournir une base excellente au jugement qui se développera plus tard.

La maturité de la connaissance, c’est-à-dire la perfection à laquelle celle-ci peut atteindre en chaque individu, consiste en l’existence d’une correspondance exacte entre toutes ses notions abstraites et ses perceptions. Cela signifie que chacune de ses notions repose, directement ou indirectement, sur une base d’observation qui lui donne seule une réelle valeur ; et aussi qu’elle est apte à placer chaque perception qui se