Aller au contenu

Page:Schopenhauer - Éthique, Droit et Politique, 1909, trad. Dietrich.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nomène est le monde, et cette essence, à son plus haut degré d’objectivation, révèle son fond intime.

Dire que le monde a purement une signification physique, et non morale, c’est l’erreur la plus grande et la plus pernicieuse, l’erreur fondamentale, la véritable perversité d’opinion, et c’est au fond ce que la foi a personnifié sous la désignation de l’Antichrist. Cependant, et en dépit de toutes les religions, qui maintiennent le contraire et cherchent à l’affirmer à leur façon mythique, cette erreur fondamentale ne disparaît jamais complètement sur la terre ; elle continue au contraire à relever la tête de temps en temps, jusqu’à ce que l’indignation générale la force une fois de plus à se cacher.

Si assuré toutefois que soit le sentiment d’une signification morale du monde et de la vie, son explication et la solution de la contradiction existant entre elle et le monde sont tellement difficiles, qu’il a pu m’être réservé d’exposer le véritable et seul pur fondement de la moralité, efficace en tous lieux et en tout temps, ainsi que son but. La moralité du progrès moral est trop de mon côté, en cette matière, pour me faire craindre que ma doctrine soit jamais minée et remplacée par une autre.

Quoique mon éthique elle-même reste ignorée des professeurs, le principe moral kantien prévaut dans les Universités, et, parmi ses formes diverses, celle de la « dignité de l’homme » est maintenant la plus en faveur. J’ai déjà montré son inanité dans mon traité sur le Fondement de la morale (§ 8). Pour cette raison, je n’en dis pas plus ici. Si l’on demandait sur quoi