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Page:Schopenhauer - Éthique, Droit et Politique, 1909, trad. Dietrich.djvu/29

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dans la préface de son Éthique, a rejeté les vertus cardinales platoniciennes, qu’il a remplacées par celles-ci : diligentia, obedientia, justitia, humilitas. Évidemment un mauvais choix. Les Chinois énumèrent cinq vertus cardinales : la pitié, la justice, la politesse, la science et la sincérité (Journal asiatique, t. IX, p. 62). Samuel Kidd, dans son livre sur la Chine (Londres, 1841, p. 197), les dénomme bienveillance, droiture, convenance, sagesse et sincérité, et commente abondamment chacune. Le christianisme n’a pas de vertus cardinales ; il n’a que des vertus théologales : foi, amour et espérance.

Le point où commencent à se séparer les vertus morales et les vices de l’homme, est cette opposition de notre attitude fondamentale envers les autres, qui prend ou le caractère de l’envie, ou celui de la sympathie. Car chaque homme porte en soi ces deux particularités diamétralement opposées, vu qu’elles proviennent de l’inévitable comparaison de son propre état avec celui des autres ; et selon la manière dont le résultat affecte son caractère individuel, l’une ou l’autre de ces particularités deviendra son attitude fondamentale et la source de sa conduite. L’envie, elle, consolide la muraille entre vous et moi ; pour la sympathie, cette muraille devient mince et transparente ; parfois même elle s’écroule complètement, cas auquel disparaît la distinction entre moi et ce qui n’est pas moi.

La bravoure, dont il vient d’être question, ou, plus exactement, le courage qui réside à sa base (car la bravoure est simplement le courage à la guerre), mérite d’être examiné de plus près. Les anciens mettaient