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Page:Schopenhauer - Éthique, Droit et Politique, 1909, trad. Dietrich.djvu/6

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PRÉFACE DU TRADUCTEUR



Le présent volume des Parerga et Paralipomena ne se prête pas par sa nature, comme les trois précédents, à une étude préliminaire biographique ou historique ; nous en avons d’ailleurs déjà dit assez à ce double point de vue, pour mettre en une lumière suffisante la figure originale et complexe de Schopenhauer, et pour situer dans son milieu exact l’œuvre dont nous avons entrepris la traduction. Les matières renfermées dans le volume actuel : éthique, droit, politique, éducation, le tout couronné par des observations psychologiques, parlent d’elles-mêmes, et il y aurait quelque puérilité à dévider de trop longs commentaires à leur sujet. Ce qu’on peut toutefois faire ici, c’est mettre en relief certaines vues fondamentales, signaler spécialement certaines idées d’un intérêt spéculatif ou pratique.

Un soir, Schopenhauer se promenait sur la route avec son ami le Dr Wilhelm Gwinner, son futur biographe. Les étoiles brillaient au ciel, et Vénus resplendissait d’un éclat tout particulier. Gwinner, contemplant la planète, devint tout à coup lyrique, et se mit à évoquer le souvenir des âmes que Dante y a placées comme dans un port de salut béni ; puis, son imagination travaillant, il demanda au vieux philosophe s’il n’était pas d’avis qu’il y avait là aussi des êtres vivants, mais doués d’une existence plus parfaite que la nôtre. Schopenhauer répondit qu’il ne le croyait pas ; une organisation supérieure à celle des humains ne pouvait, selon lui, avoir la « volonté de vivre ». Il pensait que la série