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Page:Schopenhauer - Éthique, Droit et Politique, 1909, trad. Dietrich.djvu/72

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resque, lui prête un langage en rapport avec celui-ci, et lui met même parfois dans la bouche des passages très beaux, quand ils ne sont pas sublimes ; il est très éloigné d’agir à la façon de Schiller, qui peint volontiers le diable en noir, et dont l’approbation ou la désapprobation morale s’exprime à travers les paroles mêmes des caractères dessinés par lui. Mais chez Shakespeare, comme aussi chez Gœthe, chacun, tant qu’il est présent et parle, a parfaitement raison, fût-il le diable en personne. Comparez, sous ce rapport, le duc d’Albe chez Gœthe et chez Schiller. — Nous faisons la connaissance du comte de Northumberland dès Richard II, où il est le premier à ourdir une conspiration contre le roi en faveur de Bolingbroke, plus tard Henri IV, qu’il flatte déjà personnellement. (Acte II, scène 3). Dans l’acte suivant, il est remis à sa place, parce que, parlant du roi, il a dit simplement « Richard » ; mais il affirme ne s’être exprimé ainsi que pour la brièveté. Bientôt après, son discours rusé pousse le roi à capituler. Dans l’acte qui vient ensuite, il traite celui-ci, lors de l’abdication, avec tant de dureté et de mépris, que l’infortuné monarque, tout brisé qu’il est, perd cependant patience et s’écrie : « Démon ! tu me tortures déjà avant que je sois en enfer ! » Au dénouement, il annonce au nouveau roi qu’il a envoyé à Londres les têtes coupées des partisans de son prédécesseur. — Dans la pièce suivante, Henri IV, il organise tout pareillement une conspiration contre le nouveau roi. Au quatrième acte, nous voyons les rebelles, réunis, se préparer à la grande bataille du lendemain ; ils n’attendent plus, avec impatience, que Northumberland et son corps d’armée. Au dernier moment arrive une lettre de lui ; il est malade,