Aller au contenu

Page:Schopenhauer - Éthique, Droit et Politique, 1909, trad. Dietrich.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


DROIT ET POLITIQUE


Un défaut particulier aux Allemands, c’est qu’ils cherchent dans les nuages ce qui se trouve à leurs pieds. Un excellent exemple de ce genre nous est livré par la manière dont les professeurs de philosophie traitent le droit naturel. Pour expliquer les conditions humaines bien simples qui en constituent le fond, — droit et tort, propriété, État, droit pénal, etc., — ils font appel aux notions les plus extravagantes, les plus abstraites, c’est-à-dire les plus larges et les plus vides, et ils bâtissent ainsi dans les nuages leur tour de Babel, suivant leur caprice spécial à chacun. Les conditions les plus claires et les plus simples de la vie, qui nous affectent directement, sont ainsi rendues inintelligibles, au grand détriment des jeunes gens formés à une pareille école. Les choses elles-mêmes, au contraire, sont parfaitement simples et compréhensibles, comme le lecteur peut s’en convaincre par l’analyse que j’en ai faite. (Voir le Fondement de la morale, § 17, et le Monde comme volonté et comme représentation, § 62). Mais au son de certains mots, tels que droit, liberté, le bien, l’être, — cet infinitif illusoire du rapport de liaison, — et d’autres de la même sorte, l’Alle-