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Page:Schopenhauer - De la quadruple racine, 1882, trad. Cantacuzène.djvu/180

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VÉRITÉ EMPIRIQUE

§ 31. — Vérité empirique.

Une représentation de la première classe, c’est-à-dire la perception d’un objet sensible, autrement dit l’expérience, peut fonder un jugement ; dans ce cas, il renferme une vérité matérielle et, si le jugement s’appuie directement sur l’expérience, une vérité empirique.

Dire qu’un jugement est matériellement vrai signifie d’une manière générale que les notions dont ils se composent sont jointes, séparées ou restreintes, ainsi que l’exigent les perceptions sensibles sur lesquelles il se fonde. Reconnaître la nature de ces notions est l’office direct du raisonnement, qui est, ainsi que nous l’avons dit, le médiateur entre la connaissance intuitive et la connaissance abstraite ou discursive, c’est-à-dire entre l’entendement et la raison.

§ 32. — Vérité transcendantale.

Les formes de la connaissance empirique, intuitive, qui existent dans l’entendement et dans la sensibilité pure, comme condition de la possibilité de toute expérience, peuvent servir de fondement à un jugement, qui est alors systématiquement à priori. Comme toutefois un semblable jugement est matériellement vrai, sa vérité est transcendantale ; car il ne se fonde pas simplement sur l’expérience, mais sur ces conditions existantes dans notre for intérieur, qui seules rendent toute expérience possible. En effet, un tel jugement est déterminé par ce qui détermine